Je n'ai pas pu me limiter...

Où je raconte comment j'ai échoué à respecter un cadre que je m'étais fixé

Valérie Van den Berge

3/31/20258 min read

woman walking on train trail at daytime
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Début mars 2025, l’inattendu s’est produit: mon cœur s’est rouvert et je suis retombée amoureuse. J’ai presque entendu le «clic» du cadenas qui se déverrouillait tellement le déblocage fut palpable et soudain. Depuis quelque temps, je m’étonnais d’observer en moi un manque d’empathie et de générosité envers mon entourage, une sécheresse et un égoïsme qui était moins sain qu’il aurait fallu. Parfois, cela me préoccupait quelque peu, voire m’inquiétait. L’homme qui a décadenassé mon cœur m’a reconnectée à mon altruisme, à mon envie d’être présente aux autres et de les aider. De façon inopinée. J’ai senti qu’il faisait ressortir le meilleur de moi. Et c’était un vrai bonheur d’expérimenter ce retour à la bonté et à la bienveillance.

yellow green and pink heart shaped illustration
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Petit retour en arrière: un an plus tôt, en janvier 2024, j’avais rencontré un homme. J’évoque cet épisode dans mon article intitulé «Le Dragon Noir sera toujours le plus fort». Vous y lirez que j’avais l’intention d’appliquer les Sept Voiles, ce rituel qui invite à entrer dans la relation de manière très progressive en prenant soin de ne pas sauter les étapes. Pour le cas où le sujet vous intéresse, j’ai traduit un livre sur ce thème: «Les Sept Voiles décryptés», qui devrait paraître en mai 2025. J’explique également ce rituel dans un chapitre de mon livre «La Sexualité de transformation». J’étais fermement décidée à pratiquer les Sept Voiles avec cet homme, c’est-à-dire à ne pas entrer trop vite dans le relation amoureuse et sexuelle. Grand bien m’en a pris! J’ai vite constaté qu’il avait un côté extrêmement destructeur et qu’une relation avec lui était tout sauf souhaitable.

Mon cœur ouvert a retrouvé sa capacité à aimer vraiment, du plus profond de mon être. J’ai vu toutes les qualités de l’homme qui se tenait devant moi et j’ai constaté que c’étaient celles que je cherchais depuis des années dans mes relations, en vain. Je parle du courage et de l’authenticité, qui sont par ailleurs les deux valeurs les plus chères à mon âme. Ainsi, touchée par lui, je suis tombée amoureuse. Après trois années de célibat, je suis à nouveau entrée dans la relation.

Revenons en mars 2025… L’homme qui fait sauter les verrous et me donne envie de mettre fin à mon célibat. Voilà, nous y étions. Pour ce qui est des Sept Voiles, je n’étais plus convaincue d’avoir envie de les parcourir. Je me sentais lasse, peut-être parce que j’avais passé plusieurs mois la tête pleine de ce sujet en traduisant ledit livre, et que ça m’avait donné la nausée. Mais, si je ne voulais pas particulièrement appliquer les Voiles à la lettre, j’étais en tout cas décidée à y aller lentement. Je voulais expérimenter ce que c’était que d’être en couple sans s’embrasser sur la bouche: se contenter des caresses sur les mains et le visage pendant une semaine ou deux. Puis aller un pas plus loin: le baiser lèvres contre lèvres, innocent et pudique, également pendant une semaine ou deux. Et ainsi de suite. Dans le rituel, il est conseillé de consacrer un mois entier à chaque Voile. Ainsi, la relation sexuelle n’est permise qu’après cinq mois de relation. Imaginez-vous!

Mes belles intentions n’ont pas duré longtemps: deux jours après que nous nous soyons mis ensemble, j’initiais le baiser fougueux et, quelques heures plus tard, nous faisions déjà l’amour. Je n’avais pas parlé explicitement du rituel à mon amoureux. Je lui avais simplement dit que je voulais prendre mon temps, et il le respectait entièrement. C’est moi qui l’ai tiré au lit tandis qu’il me répétait que nous n’étions pas obligés d’aller si vite et qu’il était capable d’attendre. Sur ce plan, il a été bien plus conséquent que moi!

Et voilà: j’avais complètement échoué à respecter les limites que je m’étais fixées, entraînée par la puissance du désir qui s’était emparé de moi. «Je suis tellement faible!», me suis-je dit par la suite. C’était lamentable. Je pratique pourtant la sexualité de transformation et je dispose de tous les outils qui me permettent de maîtriser la force de mon énergie sexuelle. Comment avais-je pu ne pas y parvenir? Plus tard, mon amoureux me dira: «Tes barrières, elles ressemblent à ça», en mimant avec ses bras un agent de la circulation indiquant aux voitures de passer plutôt que de s’arrêter.

Ma capacité à pratiquer la limitation volontaire frôle le plancher. Certainement dans ce domaine, j’ai du pain sur la planche. Je suis ce qu’on appelle dans le Tao une femme orgasmique, c’est-à-dire que mon énergie sexuelle est un brasier. Si je lui ouvre la porte, les flammes s’engouffrent violemment et consument tout ce qu’elles trouvent sur leur passage. Je peux facilement tomber dans l’hypersexualité, ce qui est rigoureusement déconseillé par les taoïstes étant donné qu’une utilisation trop fréquente de notre énergie sexuelle affaiblit nos reins et notre énergie vitale. Malgré les pratiques de Kung Fu sexuel, je n’arrive visiblement pas encore à contenir cette énergie si puissante et quasiment indomptable, du moins pas si un homme aimant est à mes côtés. Je le vis comme un échec. Et je m’en veux. Quel mauvais exemple je suis!

Mais ce n’est pas tout. Non contente d’avoir brûlé toutes les étapes de l’entrée dans l’intimité, je me surprends à faire l’amour avec mon compagnon tous les jours où nous nous voyons, c’est-à-dire au moins quatre fois par semaine. Je vais définitivement perdre de mon énergie vitale. En outre, je n’ose plus pratiquer la sexualité de transformation étant donné que je consomme déjà tellement d’énergie sexuelle avec mon amoureux. Je sens que je prends une mauvaise direction, mais je ne trouve pas la force de saisir le gouvernail et de dompter mon énergie sexuelle comme je le devrais. Aïe, aïe, aïe. Je suis sur la mauvaise pente.

Plus les jours passent, plus je relativise mon échec vis-à-vis des Sept Voiles. Car, je ne vous l’ai pas encore révélé mais, il se fait que mon nouveau compagnon n’est pas si nouveau que ça. Il est mon premier amour. Celui avec qui j’ai découvert la relation amoureuse et la sexualité vingt-six ans plus tôt. J’avais quinze ans lorsque nous sommes sortis ensemble pour la première fois.

Lors de nos premières expériences amoureuses, au cours de notre adolescence, nous sommes nombreux à pratiquer les Sept Voiles naturellement et sans nous en rendre compte: nous nous rencontrons dans un cercle d’amis et nous nous rapprochons progressivement – le premier Voile. Nous nous embrassons sur la bouche sans la langue – le deuxième Voile. Avec le temps, les baisers deviennent plus hardis, les corps se rapprochent – le troisième Voile. Et, au bout de quelques semaines, les mains baladeuses se glissent sous les vêtements – le quatrième Voile. Nous en étions arrivés là lorsque j’ai rompu.

Deux ans et demi plus tard, je suis retombée amoureuse de lui. J’avais entretemps 18 ans. Nous avons repris l’intimité où nous l’avions laissée. Au bout de deux semaines, dans ma chambre, il a ôté quasiment tous mes vêtements, a caressé ma poitrine, a glissé sa main dans ma culotte. Et je l’ai moi aussi caressé sans réserve – le cinquième Voile. Ce n’est qu’un mois plus tard que nous avons vraiment fait l’amour – le sixième Voile. C’était ma première fois. Et pour lui plus ou moins aussi. Nous sommes restés ensemble quatre ans. Et j’ai de nouveau rompu. J’avais 22 ans.

Dix-neuf ans et trois enfants plus tard (pour lui comme pour moi), tous deux séparés, nous nous sommes retrouvés pour la troisième fois. Il a ouvert mon cœur et je suis retombée amoureuse. «Jamais deux sans trois», dit-on. Et aussi: «La troisième est la bonne».

Compte tenu de notre passé commun, je considère entretemps que nous avons bel et bien pratiqué les Sept Voiles et que, sur ce plan-là, je n'ai donc pas échoué. Il y a plus de deux décennies, nous avons construit un attachement du cœur avant d’entrer dans l’intimité, ce qui est le but du rituel. Ce faisant, nous sommes liés par un lien solide, qui est toujours présent aujourd’hui et que nous pouvons effectivement ressentir: il est intact. N’est-ce pas incroyable?
Nous nous connaissons si bien. J’ai en lui une confiance totale car je sais qui il est et je connais sa constance et son amour indéfectible pour moi. Je connais ses qualités, sa droiture et sa fidélité. Dans ce terreau de sécurité, nous osons tout nous dire et sommes capables de tout accueillir. Notre communication est transparente et respectueuse.

Oui: ce sont bien là tous les bénéfices des Sept Voiles.

two person's connecting fingers
two person's connecting fingers

Ainsi, je n’ai pas autant failli que je l’avais cru: nous avions déjà pratiqué le rituel à notre insu. Il n'en reste pas moins que j’aurais dû pouvoir respecter le cadre que je m’étais fixé et être suffisamment forte pour rester maîtresse de mon énergie fougueuse. Heureusement, cela n'aura pas de conséquence sur la santé de notre relation, qui était déjà construite sur un lien du cœur.

Un jour ou l’autre, je proposerai à mon amoureux de faire le rituel car celui-ci en vaut véritablement la peine, j’en suis convaincue. Il peut être pratiqué même quand nous sommes déjà dans une relation, que ce soit depuis quelques jours ou depuis plusieurs années. Nous aurons alors l’occasion d’approfondir encore davantage le lien qui nous unit et de guérir certaines blessures qui ont été inévitablement occasionnées lors de nos relations passées. Pour moi, ce sera également une nouvelle opportunité de tenter de «terrasser le Dragon Rouge», comme disent les taoïstes.

Et vous... Dans quelle mesure êtes-vous capable de vous tenir à vos résolutions? Vous arrive-t-il souvent de ne pas réussir à les respecter? Et si oui, est-ce récurrent? Est-ce que cela se produit à chaque fois dans un même domaine?

La constance et la droiture sont des valeurs qui méritent qu'on les développe davantage. Pour certains, elles sont naturellement présentes. Pour d'autres, elles constituent un réel défi.