Femme cherche homme. Homme cherche femme

Harmoniser son féminin et son masculin pour aller à la rencontre de l'autre à partir d'une sensation de complétude et non de manque

2/5/20245 min read

woman in black brassiere and panty lying on white floor
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Nous sommes nés femme ou homme. Dans la matière, nous avons fait le choix d’un sexe. Pourtant, à l’origine, nous sommes complets, c’est-à-dire aussi bien féminin que masculin. En naissant, en faisant ce choix d’un sexe, nous avons laissé derrière nous notre « deuxième moitié ». Et nous vivons avec une partie vide à l’intérieur de nous, à la recherche de ce qui pourrait la combler.

Le féminin et le masculin

Le principe féminin est cette part de nous sombre, intérieure, réceptive, passive, intuitive, calme, silencieuse, tournée vers les profondeurs de la terre et de l’océan, créatrice, sensible, douce, cyclique, lunaire.

Le principe masculin est cet aspect de nous lumineux, solaire, linéaire, actif, extériorisé, tourné vers les hauteurs, vif et rapide, rationnel, émetteur, impulsif, explosif.

Vous l’avez compris, ou vous le saviez déjà, le principe féminin n’est pas réservé aux femmes, ni le principe masculin aux hommes.

Pourtant, la plupart des femmes renferme davantage de féminin en elles que de masculin. Et la plupart des hommes renferme davantage de masculin en eux que de féminin.

Le Tai Ji : la polarité harmonisée

Dans la cosmologie taoïste, on considère qu’à l’origine était le Wu Ji : l’état sans polarité (Wu : sans – Ji : polarité). Ensuite, les deux polarité Yin et Yang sont apparues, le Yin étant le principe féminin et le Yang le principe masculin. Pour vivre en équilibre, il faut arriver à harmoniser ces deux polarités yin et yang, à les équilibrer, pour qu’aucune ne domine ni n’écrase l’autre. Il s’agit du Tai Ji (Tai : harmonie – Ji : polarité), le symbole très connu du Yin et du Yang.

Le Paysage Extérieur vs le Paysage Intérieur

Dans les films d’animation d’Hayao Miyazaki (du moins dans ceux que j’ai vus*), il est toujours question d’une fille et d’un garçon, qui se trouvent et qui deviennent inséparables, ayant besoin l’un de l’autre pour se délivrer. D’un point de vue taoïste, il s’agit là d’une seule et même personne dans le Paysage Extérieur, et de ses deux polarités dans le Paysage Intérieur : notre part féminine et notre part masculine.

En tant que femme, nous avons besoin d’un homme pour nous réaliser pleinement ; en tant qu’homme, nous avons besoin d’une femme pour nous réaliser pleinement ; mais pas au sens matérialisé du terme. Pas dans le Paysage Extérieur, manifesté.

* Le Château Ambulant, Le Château dans le Ciel, Le Voyage de Chiiro

Rechercher l’autre à partir d’une sensation de manque

Si nous ne faisons pas de place en nous pour la part (masculine ou féminine) en carence, si nous ne trouvons pas le moyen d’harmoniser nos polarités, c’est-à-dire d’avoir autant (ou quasi autant) de féminin que de masculin en nous quel que soit notre sexe, nous allons à la rencontre d’un partenaire amoureux à partir d’une sensation de manque. C’est dommageable pour nos choix, qui risquent de ne pas être alignés à nos aspirations profondes.

Une petite métaphore aidera à comprendre le côté néfaste de cette situation. Imaginez que vous alliez faire les courses pour acheter à manger. Si vous y allez affamé.e, le ventre grognant et se tordant, vous risquez de vous précipiter sur le rayon « nourriture rapide et toute prête » (chips, chocolat, biscuits, plats pré-cuisinés) pour apaiser au plus vite cette douleur de la faim. Même si votre souhait est de manger sainement, si vous êtes dans le manque, ce sera très difficile.

Imaginez à présent aller au supermarché sans sensation de faim, sans urgence, sans besoin pressant. Vous avez le temps de réfléchir au repas sain dont vous avez envie, de sélectionner les aliments avec soin, de rentrer chez vous et de cuisiner. Et si vous ne trouvez pas ce qui vous convient dans ce supermarché, vous êtes tout à fait capable et en mesure de vous abstenir et de faire demi-tour.

Quand le vide nous tenaille, nous ne pouvons pas résister à la solution rapide. Nous nous jetons sur la première chose qui nous tombe sous la main et qui nous permet de calmer notre faim. Vivre avec un vide perpétuel nous fait perpétuellement prendre des décisions qui, au fond, ne nous conviennent pas.

Harmoniser les polarités dans la vie de tous les jours

Comment harmonise-t-on son féminin et son masculin dans la vie de tous les jours ? Je suppose qu’il existe mille et unes manières d’y parvenir, entre autres la pratique taoïste de transformation de l’énergie sexuelle.

Mais il m’en est venue une ce matin, qui m’a poussée à écrire cet article.

Les tâches et compétences

Une petite chose qui peut sembler anodine mais qui, à mon sens, ne l’est pas du tout, concerne les compétences (ou les tâches) que l’on attribue habituellement à tel ou tel sexe.

Nous sommes nombreux, dans nos couples, à nous être réparti les tâches selon nos compétences masculines et féminines. À la femme les lessives, le repassage, les courses alimentaires, la planification des menus, le soin aux enfants et la couture. À l’homme la mécanique, les travaux lourds, la comptabilité et la plomberie. N’est-ce pas ?

« Chéri ! Il y a une araignée dans la chambre à coucher. Elle est immense ! Viens vite !!! »

« Mon amour, il n’y a plus une seule chemise repassée dans ma garde-robe. Que vais-je mettre demain ? »

« Trésor, il faut absolument mettre les pneus hiver ce week-end, s’il te plaît. »

« Alors mon cœur, qu’est-ce qu’on mange ce soir ? »

Sounds familiar ?

La douce anesthésie

Il n’y a aucun mal à se sentir plus compétent en couture qu’en plomberie, ou l’inverse. Et il n’y a aucun mal non plus à se répartir les tâches en fonction de nos affinités et de nos compétences.

Cependant, veillons à ne pas nous laisser doucement anesthésier, comme la grenouille de l’histoire, qui cuit lentement mais sûrement dans sa casserole. Car sinon nous serions amenés à penser que nous ne sommes pas capables de faire ces tâches que l’autre fait. De prime abord : non, je ne suis pas capable de changer le pneu de ma voiture. Par contre, et c’est un point crucial, je suis tout à fait capable d’apprendre à le faire. Si je n’avais que moi, j’apprendrais, et j’y arriverais. Que dire de tel homme qui ne sait pas lire un patron de couture, encore moins faire fonctionner la machine à coudre, et s'en remet systématiquement à une femme pour ce genre de travaux! Pourtant, si une femme y arrive, il peut y arriver aussi.

Alors voilà l’invitation : pour une des tâches du ménage ou de votre habitat que vous ne savez pas effectuer seul.e, prenez la décision d’apprendre. Regardez des tutoriels sur YouTube, suivez une formation, peu importe. Mais faites l’effort d’apprendre à effectuer cette tâche qui vous semble impossible car elle « appartient à l’autre sexe ».

Quitter le besoin

Si en tant qu’homme, vous apprenez les tâches que vous considérez féminines et que vous reléguez d’habitude à une femme ; si en tant que femme, vous apprenez les tâches que vous considérez masculines et que vous reléguez d’habitude à un homme, vous ferez en vous de la place pour votre part en carence : votre féminin (ou votre masculin) intérieur se remplira, et vous pourrez approcher un peu du Tai Ji.

L’idée que l’on a besoin de l’autre nous limite. En tant qu’êtres humains, nous avons besoin des autres et du contact social ; ce n’est pas cela que je remets en question. Je pense simplement que, tout en restant dans cette interdépendance positive, nous pouvons apprendre avec joie ce que nous pensons ne pas être capable d’assumer sans notre partenaire. Je pense que cela nous remplit de l’intérieur, et favorise de meilleures décisions dans nos relations amoureuses.

Avant de dire que cette idée est stupide, essayez… Vous pourriez être surpris.e.