Mourir pour mieux renaître

Où il est question de la terrifiante confrontation avec la mort et ce que celle-ci nous enseigne

Valérie Van den Berge

3/15/20255 min read

woman in white sweater standing on brown grass field during daytime
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Fin novembre 2024, en me mettant au lit, j’ai fait une expérience terrifiante, profonde et transformatrice. Pour la première fois, j’ai cru voir la mort en face.

Ce soir-là, j’étais allongée dans mon lit et j’avais du mal à trouver le sommeil. Je n’arrivais pas à me détendre. Je me suis tournée sur le côté gauche et, après plusieurs minutes, j’ai senti une douleur dans le cœur, ou c’est du moins l’impression que j’ai eue. Je me suis mise sur le ventre mais la douleur ne s’estompait pas. Elle semblait même s’intensifier. J’ai voulu me retourner en prenant appui sur mes bras… Impossible. La douleur était trop forte. Je suis demeurée ainsi de longues minutes, attendant que ça passe. Peu à peu, j’ai commencé à sentir un engourdissement de mon bras gauche, comme des milliers de minuscules épines me traversant le bras jusqu’au bout des doigts. Je me suis mise à réfléchir à toute vitesse. N’étaient-ce pas des signes d’infarctus ? Il me semblait que tous les symptômes correspondaient.

J’ai aussitôt refoulé cette pensée : ce n’était pas possible que j’aie un grave problème au cœur puisque je pratique le Tao. En outre, j’avais fait un check-up complet chez une cardiologue deux ans plus tôt, qui m’avait confirmé que mon cœur était en parfaite santé.

Et pourtant, la situation était inquiétante. Je me suis redressée de force, envers et contre la douleur, et j’ai appelé ma sœur malgré l’heure tardive. Selon elle, les signes étaient effectivement préoccupants et devaient être pris au sérieux. Elle m’a conseillé d’appeler les urgences. C’est alors que je me suis mise à claquer des dents sans avoir froid. Des larmes coulaient sur mes joues et tout mon corps était pris de tremblements. Je réalisais que, si j’étais bel et bien en train de faire un infarctus, il se pouvait que mon cœur lâche à tout moment. En quelques secondes peut-être ? Et que je mourrais seule dans ma chambre. Ce fut un moment terrible : balancée entre l’idée qu’il n’y avait rien de grave et celle que je vivais peut-être mes derniers instants. J’étais suspendue à un fil. Je crois que je n’aurais pas ressenti autre chose si quelqu’un avait braqué un revolver sur ma tempe. Je pensais à mes enfants, espérant qu’ils n’aient pas à grandir sans mère et me demandant qui irait les chercher à l’école le lendemain si je ne sortais pas vivante de cette nuit.

Au téléphone des urgences, on m’a annoncé qu’une ambulance démarrait et serait bientôt là. Dix minutes plus tard, elle était devant chez moi, gyrophares allumés. Puis, trois hommes ont débarqué dans mon salon, transportant une machine qui faisait des tas de bips. Ils m’ont placé pas moins de dix électrodes sur le buste : l’électrocardiogramme montrait que je ne faisais pas de crise cardiaque. La douleur avait entretemps disparu mais je tremblais toujours comme une feuille. Pour la sécurité, les ambulanciers m’ont transportée aux urgences de l’hôpital le plus proche, où le médecin de garde a vérifié les marqueurs dans mon sang : nouvelle confirmation que tout allait bien.

Je suis rentrée chez moi vers 2h30 du matin, secouée mais rassurée.

Le lendemain, toujours en état de choc, j’avais besoin de comprendre : si ce n’était pas le cœur, quelle était la cause ? Était-ce lié au Nei Gong de la moelle des os que j’avais pratiqué un peu intensivement quelques jours plus tôt ? Cette technique consiste en effet à régénérer la moelle osseuse en fabriquant du sang. Au niveau du cœur physique, ce serait alors normal que les médecins ne trouvent rien ; mais cela n’empêchait pas qu’il puisse se passer quelque chose au niveau énergétique. Plus tard, mon médecin traitant me donnera son avis : les sensations dans le bras gauche suivaient le méridien du cœur, depuis la poitrine jusqu’à l’auriculaire. Elle pense qu’elles pouvaient être dues à une stase des liquides touchant mes reins et ma rate. Sans certitude. Il pouvait tout aussi bien s’agir de névralgies intercostales. Cœur et poumons se partagent un espace contigu dans la cage thoracique.

Le lendemain de l’événement, j’ai été prise d’une sorte de colère : une rage de comprendre. Pour moi, qui ne crois pas au hasard et qui suis persuadée que les événements se produisent dans un but précis, j’avais besoin de trouver le sens de ce qui était arrivé : le grand Pourquoi de cette expérience. Pour quelle raison avais-je ressenti ces douleurs si mon cœur était en parfait état ?

Peu à peu, j’ai pu émettre une hypothèse : peut-être était-il nécessaire que je fasse l’expérience de la mort afin de pouvoir accepter de laisser mourir quelque chose. En effet, j’étais en grand chantier au niveau de mon projet Tao Quotidien. Je m’étais attaquée à mon marketing, sentant que mes intentions n’étaient pas clarifiées et, par conséquent, mon message et ma communication flous et imprécis. Je n’arrivais pas à décider quels bénéfices du Tao mettre en avant ni de quelle manière. J’étais en plein « positionnement » de mon activité. Et des choses bougeaient : je vivais des prises de conscience pas forcément confortables. Des choix devaient être faits car je m’épuisais à me battre sur tous les fronts. Je devais lever le pied. Cette confrontation avec la mort m’a permis d’oser décider d’arrêter les cours hebdomadaires et d’envisager de mettre mes activités temporairement à l’arrêt, du moins une partie de celles-ci. J’aurais eu du mal à le voir en face s’il ne m’était pas arrivé un événement bouleversant. Voilà donc le sens que je pouvais trouver à tout ceci.

J’ai laissé ces prises de conscience résonner en moi et faire leur chemin. Puis j’ai clarifié les choses et pris des décisions : oui, j’aimais donner cours, mais pas dans les conditions qui étaient les miennes car elles impliquaient que j’aie peu de temps pour mes projets d’écriture. Or, je m’en rendais compte, l’écriture est ma première vocation et elle doit occuper une place prépondérante dans ma vie. J’ai décidé d’arrêter les cours hebdomadaires en présentiel pendant quelques mois et de ne garder que le programme Tao de l’Élixir, qui allait débuter trois mois plus tard. Une sorte de plan d’action s’est mis en place et j’ai senti que tout était juste.

Je suis sortie de cette expérience plus forte, avec une lucidité accrue sur les choses qui sont essentielles pour moi, et celles qui doivent leur céder la place. J’ai ainsi pu lâcher prise sur le « non-vital » et me concentrer sur ce qui compte le plus et qui doit passer avant tout le reste. Ce ne fut pas simple car mes nombreux projets m’avaient tous l’air aussi importants les uns que les autres. Et pourtant, il était nécessaire d’identifier celui qui me mènerait exactement à ma juste place : celle où je me sens alignée et heureuse. C’est chose faite.

Et vous ? Connaissez-vous votre « essentiel » ? Vous sentez-vous à la place qui vous correspond ? Et sinon, savez-vous comment la trouver et entreprendre ce qui s’impose pour la réaliser ?